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L’évolution des objets engagés : reflets d’une société en mutation

Depuis sa création en 1618, le Mont-de-Piété de la Ville de Bruxelles incarne une idée simple mais essentielle : offrir une aide financière rapide, accessible et humaine à toutes les personnes qui en ont besoin. À travers les siècles, cette mission sociale est restée intacte, même si les objets déposés en gage, les profils des clients et les outils utilisés ont profondément évolué.

 

De la dentelle au vélo pliable : l’évolution des objets engagés

À ses débuts, le Mont-de-Piété acceptait principalement des biens précieux : bijoux, linges fins (draps, dentelles, étoffes de soie, mousseline et autres étoffes en coton de qualité), argenterie en cuivre ou en étain, vaisselle, tapis, cuirs dorés, etc. L’objectif était clair : lutter contre l’usure et offrir une alternative équitable aux plus démunis. Seuls les objets facilement estimables et bien conservables étaient acceptés, excluant ainsi les biens périssables, fragiles ou encombrants.

Mais au fil des siècles, la liste des objets admis s’est progressivement élargie. Vers la fin du XVIIIe siècle, les Monts-de-Piété ont commencé à accepter des montres, des objets de décoration, des vêtements, voire quelques petits meubles. À Paris, le Crédit Municipal allait même jusqu’à accepter les matelas, considérés comme ayant une certaine valeur : vers 1860, ses réserves en comptaient plus de 15.000. L’institution s’était même dotée d’une « étuve à matelas » – une installation à vapeur sous pression – pour désinfecter la literie.

Dans les Monts-de-Piété certains objets étaient cependant exclus. C’était le cas des biens endommagés, trop délicats ou sujets à détérioration rapide, comme les plumes, mais aussi des objets difficiles à stocker dans de bonnes conditions, tels que les grands meubles ou les livres.

Au XXe siècle, les réserves du Mont-de-Piété de la Ville de Bruxelles se remplissent de téléviseurs, de machines à coudre, d’instruments de musique, des chaines hi-fi, et, au XXIe siècle, de montres de marque, de maroquinerie de luxe, de bandes dessinées, de vins de grand cru ou encore de vélos pliables. En France, certains crédits municipaux acceptent également des objets plus récents du quotidien, comme des cartes Pokémon, des smartphones ou des robots ménagers — ces derniers étant proposés uniquement pour des prêts de courte durée.

Avec l’évolution des goûts et des tendances, certains objets autrefois très recherchés ont aujourd’hui perdu une partie de leur valeur. C’est le cas, par exemple, des manteaux de fourrure, des tapis, de certains tableaux de maîtres de très grand format. Ces pièces sont désormais rarement acceptées par les Monts-de-Piété, car le risque est trop élevé de ne pas pouvoir couvrir le montant du prêt lors de leur revente. D’autres objets, comme les pièces en cristal, sont encore admis, mais leur valeur a fortement diminué avec le temps.

Certains types d’objets ont, quant à eux, toujours été exclus des Monts-de-Piété, et le sont encore aujourd’hui. C’est le cas notamment des objets liés au culte religieux ou à la guerre : objets provenant d’églises, médailles militaires, armes, casques, etc.

À Bruxelles, le Mont-de-Piété propose aujourd’hui une offre diversifiée, qui tend à être le plus possible en phase avec la réalité du patrimoine des ménages : près de 20 catégories d’objets sont acceptés en gage. Ce renouvellement dans les types de biens traduits une volonté claire : celle d’adapter l’offre aux besoins concrets de la population. Cette stratégie de diversification poursuit un double objectif : maintenir un service utile tout en limitant la dépendance à une seule catégorie de valeurs.

 

Les limites de la diversification

Si le Mont-de-Piété a su adapter son offre aux évolutions du patrimoine des ménages, l’acceptation de nouvelles catégories d’objets ne va pas sans poser certains défis. Pour pouvoir être admis en gage, un bien doit répondre à plusieurs critères stricts : sa valeur doit rester relativement stable dans le temps, l’équipe d’expertise doit être capable de l’évaluer précisément et de repérer d’éventuelles contrefaçons, et enfin, l’objet doit pouvoir être conservé en toute sécurité, dans des conditions adaptées. Ces exigences expliquent pourquoi certains objets ne sont pas (ou plus) acceptés, malgré leur popularité ou leur valeur d’achat initiale.

 

Une aide pour tous, des clients aux profils très variés

Contrairement aux idées reçues, le Mont-de-Piété n’a jamais été un lieu exclusivement fréquenté par une seule catégorie d’usagers.

De tout temps, les raisons de recourir à un prêt sur gage ont été multiples : faire face à une dépense imprévue, boucler une fin du mois, financer un projet, ou encore rembourser une dette. Comme le rappelle l’historienne Laurence Fontaine, les plus modestes engageaient souvent des vêtements ou de petits bijoux afin d’obtenir une petite somme leur permettant de faire face aux besoins du quotidien. Ces objets étaient généralement récupérés dès que leur propriétaire percevait son salaire.
Pour les plus aisés, les motivations étaient tout autres : ils apportaient des objets de valeur (or, argenterie, objets d’art, etc.) pour satisfaire un besoin de consommation immédiat, régler des dettes de jeu  ou faire face à des imprévus. Bien souvent, ces effets n’étaient jamais récupérés, ils étaient donc vendus aux enchères.
Les artisans et les petits commerçants utilisaient quant à eux le prêt sur gage pour faire face à des difficultés ponctuelles, comme un retard de paiement ou une baisse soudaine d’activité. Les travailleurs y trouvaient un appui précieux lors des périodes de ralentissement de l’activité industrielle ou en cas de maladie.

Le Mont-de-Piété a ainsi toujours été fréquenté par une grande diversité de profils, unis par un besoin commun : disposer rapidement de liquidités, sans avoir à renoncer à leurs biens.

 

Aujourd’hui encore, on y croise une clientèle aux profils variés. Ce brassage humain fait partie intégrante de l’identité du Mont-de-Piété. Dans un monde où l’accès au crédit reste non seulement inégal, mais souvent long, intrusif, et conditionné à des justificatifs parfois lourds à fournir, le prêt sur gage offre une réponse rapide, discrète et sans jugement. Ici, nul besoin d’expliquer pourquoi l’on a besoin d’argent : l’accueil reste humain, respectueux, et centré sur la confiance.

 

Une mécanique bien rodée, modernisée mais fidèle à sa mission

Si les objets et les profils des clients ont évolué au fil du temps, le fonctionnement du Mont-de-Piété reste, dans son principe, fidèle à celui d’origine : un objet est déposé, il est estimé, puis une somme d’argent est prêtée. Le montant octroyé correspond en moyenne à 50 à 70 % de la valeur que l’objet pourrait atteindre en salle des ventes. Le bien peut ensuite être récupéré dès que la somme empruntée, majorée d’un intérêt modéré, est remboursée.

Aujourd’hui, les outils se sont modernisés. L’estimation des bijoux, par exemple, s’appuie en partie sur des appareils de pointe. La traçabilité des gages est désormais entièrement informatisée. Les objets de petite taille sont placés dans des boîtes scellées, puis stockés de manière sécurisée dans un robot sécurisé. Mais l’esprit reste inchangé : proposer un prêt social, sans but lucratif, accessible au plus grand nombre.

Ce modèle repose sur un équilibre solidaire : les prêts accordés sur des objets de valeur plus élevée permettent de compenser les coûts liés aux petits prêts. C’est ce qui permet au Mont-de-Piété de continuer à proposer des aides concrètes pour tous, y compris pour de faibles montants. À Bruxelles, les prêts commencent dès 30 euros.

 

Un patrimoine vivant, un service plus actuel que jamais

À travers l’étude des objets déposés, le Mont-de-Piété raconte une histoire sociale, économique et humaine. Il est un témoin unique de la réalité des familles, de leurs coups durs comme de leurs espoirs. Et il prouve, depuis plus de 400 ans, qu’il est possible de conjuguer utilité publique, dignité humaine et sobriété financière.

Aujourd’hui encore, faire appel au Mont-de-Piété, c’est bénéficier d’un service accessible, transparent, sans jugement — et  humain. Ici, pas de chatbot ni fracture numérique : si vous appelez, c’est un vrai conseiller qui vous répond. Et si vous poussez la porte, vous êtes accueilli avec respect et bienveillance. Ce lien direct, cette écoute sans filtre, font partie intégrante de l’identité du Mont-de-Piété.

Chaque année, plus de 15.000 prêts y sont accordés, dont 95 % sont remboursés avec récupération du bien par le client. En 2024 par exemple, le total des prêts octroyés était d’environ 30 millions d’euros, avec une hausse de plus de 30 % du nombre de nouveaux clients. Des chiffres qui confirment la pertinence d’un modèle qui reste, plus que jamais, au service des personnes.

 

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N’hésitez pas à commander notre publication « Les gages acceptés, témoins de leur époque », rédigée par le professeur d’histoire Pedro Trascasas Fueyo. Cet ouvrage offre une analyse historique et sociologique des opérations du Mont-de-Piété de la Ville de Bruxelles, explorant l'évolution des types de gages acceptés à travers le temps. Enrichi de comparaisons avec d'autres institutions de prêt locales et voisines, il élargit les perspectives historiques et met en relief l'importance du gage comme témoin de son époque.

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